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Couche d’ozone, réchauffement et santé, une histoire exemplaire… qui reste à écrire

Si une exposition modérée au rayonnement ultraviolet (UV) est bénéfique, car elle favorise la synthèse de vitamine D par l’organisme, à trop forte dose, les UV représentent un réel danger pour la santé humaine. Ils peuvent en effet endommager les cellules de la peau et des yeuxSelon les Nations Unies, en 2020, 120 000 personnes dans le monde dont 2000 en France, sont décédées d’un cancer de la peau, de mélanomes (la forme la plus dangereuse de cancer cutané) et d’épidermoïde moins dangereux, mais reconnu aujourd’hui comme maladie professionnelle dans de plusieurs pays. Si ces chiffres peuvent paraître faibles en regard d’autres formes de cancer plus tueurs, il faut prendre en considération l’âge auquel surviennent les décès. Le mélanome est une des toutes premières causes de décès par cancer chez les 20 à 30 ans, entraînant d’immenses drames humains au sein des familles des victimes et d’importantes pertes économiques. Il faut aussi garder à l’esprit, le nombre incroyablement élevé de nouveaux cas de carcinomes cutanés de type basocellulaires. Plusieurs dizaines de millions de cas qui, chaque année, sans tuer, sont néanmoins pris en charge par le corps médical et pèsent de plus en plus lourdement sur les comptes des régimes de sécurité sociale et d’assurance santé.

Sur les yeux, le tableau n’est guère plus réjouissant. Les UV sont accusés de causer le quart des cas de cataracte recensé faisant des expositions solaires la première cause de cécité dans le monde, principalement en Afrique, en Inde et en Chine.

Dans les pays dits développés, la cataracte se soigne très bien mais la note est salée : de l’ordre de 300 M. d’euros rien que pour la France. Les UV sont aussi dans le collimateur des chercheurs qui les soupçonnent de plus en plus de favoriser la survenue de dégénérescence de la macula (DMLA), considérée aujourd’hui comme la 1ère cause de cécité, du fait de l’absence de traitement.

Si ces effets délétères des UV commencent d’être décrits par les chercheurs au cours des années 1960, grâce notamment aux premiers microscopes électroniques, ce sont les cliniciens et épidémiologistes qui alerteront plus tard sur l’augmentation fulgurante du nombre de nouveaux cas de cancers de la peau. De nouveaux comportements au soleil, marqués par une imprudente et excessive recherche de bronzage, sont en effet apparus du fait de la généralisation des congés payés, du développement des transports, et plus tard de la multiplication et du fractionnement des vacances.

C’est au cours des années 70 que les spécialistes de la photochimie atmosphérique font part de leurs observations et inquiétudes quant à l’amincissement de la couche d’ozone. Si un presque véritable trou est observé au-dessus de l’antarctique, il est surtout redouté pour la santé humaine, et accessoirement la durée de vie de certains matériels et matériaux, que d’autres territoires et que finalement l’ensemble du bouclier terrestre contre les UV s’en trouvent affectés. Les premières populations touchées habitent le sud du Chili et de l’Argentine. Au sortir de l’hiver austral (le « trou » est favorisé par des températures basses dans la stratosphère), des campagnes d’information massives y sont menées avec de véritables alertes diffusées par la radio publique, les bus arborent un drapeau violet, et dans les crèches et les écoles, les enfants sont confinés à la mi-journée. Heureusement, sous l’égide du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE), un accord mondial est signé en septembre 1987 à Montréal (Canada) pour réglementer la production et l’utilisation de substances qui appauvrissent la couche d’ozone (SAO), en particulier des chlorofluorocarbures (CFC) largement utilisés dans les réfrigérateurs, climatiseurs, congélateurs et autres bombes aérosols. Le protocole de Montréal sera amendé à Kigali en 2016 afin d’imposer aussi la réduction progressive des hydrofluorocarbures (HFC) qui s’étaient substituer avantageusement aux CFC mais qui contribuent au réchauffement de l’atmosphère. En 2018, lors de la célébration du trentenaire du protocole, le PNUE évoque « l’exemple que constitue l’histoire de la couche d’ozone… la preuve de ce qui peut être fait lorsque nous écoutons les scientifiques et que nous mettons nos différences de côté afin d’agir pour la planète… » et avance des chiffres clé : 2 millions de cas de cancer de la peau évités chaque année d’ici 2030 et 1 800 milliards de dollars économisés. Pour les seuls USA, l’Agence pour la protection de l’environnement (EPA) estime que 443 millions de cancers de la peau et 63 millions de cataractes auront pu être évités pour les personnes nées entre 1890 et 2100. Autre bonne nouvelle survenue début 2023, l’OMM déclare que la couche d’ozone devrait se reconstituer dans les quatre décennies à venir et qu’en plus, cela permettra de réduire de 0,5°C le réchauffement.

En 1992, le Canada a développé le premier indice UV (IUV), basé sur la réponse érythémale de la peau humaine et destiné à informer la population des risques d’une exposition excessive aux rayons nocifs du soleil. Plus l’IUV augmente, plus les rayons du soleil peuvent nuire à notre peau, à nos yeux et à notre système immunitaire, et il est donc nécessaire de prendre des précautions. Pour cela, les valeurs de l’indice sont regroupées en catégories (faible, modérée, forte, très forte et extrême) et des mesures de protection sont conseillées : éviter d’être dehors lors des heures ou l’Indice UV atteint son niveau maximum (la plupart du temps autour du midi solaire), rester à l’ombre, porter des vêtements, des lunettes de soleil et appliquer régulièrement de la crème solaire sur les zones exposées.

L’IUV varie principalement en fonction de la position du Soleil dans le ciel, de l’épaisseur de la couche d’ozone et de la couverture nuageuse, de la présence d’aérosols et de l’altitude. Dans les régions tempérées, l’indice UV atteint 7, 8 voire 9 ou 10, au Sud de l’Espagne et en Grèce… Dans les Alpes ou les Pyrénées, le niveau d’UV dépasse régulièrement 10, et atteint même des niveaux « tropicaux » de 13, 14, 15 au mois d’avril lorsqu’il y a de la neige en raison de la réverbération.

En 1994, l’OMM et l’OMS adoptent ce nouvel indice comme une norme internationale à utiliser par les services météorologiques du monde entier. Et à la suite de multiples réunions de concertation, elles publient, en 2002, le « Global Solar UV Index », un guide pratique donnant les lignes directrices pour communiquer l’indice UV à la population.

En France, l’association Sécurité Solaire, fondée en 1994, devenue centre collaborateur de l’OMS en 96, a été la première à offrir des prévisions quotidiennes de l’indice UV dès 1995 et à convaincre les principaux médias d’insérer cette information au sein des bulletins météo des plages, météo d’été… En 2000, un premier sondage effectué par l’IFOP, auprès des 15 ans et plus, montre l’intérêt du public et l’amélioration des connaissances. D’autres indicateurs, plus économiques, comme l’évolution des ventes de crèmes solaires mais aussi de lunettes de soleil ou de vêtements anti UV pour enfants font espérer aussi une amélioration des comportements. Cette dernière, certes insuffisante, est avérée aujourd’hui. Et même s’il reste un long chemin à parcourir avant de voir le nombre de nouveaux cas de cancer cutané diminuer comme en Australie, l’augmentation de l’incidence a tout de même considérablement ralenti passant de + 7% par an à la fin du siècle dernier à moins de +4 % en 2018. Mais il ne faut pas relâcher les efforts. D’abord parce que des études récentes ont montré que les jeunes générations sont moins averties que leurs propres parents, en particulier sur le lien entre coups de soleil de l’enfance et cancer de la peau à l’âge adulte. Elles sont aussi moins prêtes à éviter les heures les plus dangereuses ou à rester à l’ombre.

Par ailleurs, deux phénomènes en lien avec le réchauffement inquiètent fortement les acteurs de santé publique : La diminution de la couverture nuageuse, annoncée sous nos latitudes par le PNUE, augmentera l’irradiation UV reçue au sol et possiblement les doses reçues par les individus. L’évolution des comportements en termes d’exposition solaire face à la montée des températures. Si l’on peut espérer que lors des épisodes caniculaires, celles et ceux qui ont une peau sensible restent plus à l’ombre voire se confinent. Cela risque de ne pas être le cas lorsque, comme au printemps 2022, des températures très au-dessus des « normales » mais très agréables ont conduit des millions de Français à se dévêtir largement et fréquenter plages et plans d’eau divers, exactement comme au cœur de l’été.

La prévention devra donc se poursuivre, s’amplifier et s’adapter. Depuis 2003, Météo France produit une prévision du niveau d’UV maximum, relayée notamment sur le site web (www.soleil.info) et sur l’application mobile (Météo UV) de La Sécurité Solaire. Mais il faudra aller plus loin, sans doute avec des valeurs horaires comme le propose l’application internationale Sunsmart (OMS, OMM) et, même si possible, des valeurs mesurées par des capteurs et diffusées en temps réel.


Source NASA : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/4/4d/Ozone_hole_recovery.jpg

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